A l’approche du 8 mars, Journée internationale des Femmes, la question que l’on s’est posé cette année ici en France, de la chaîne M6 au beaucoup moins trivial et plus sérieux Barreau de Paris, c’était la suivante : La Journée des Femmes est-elle encore nécessaire ?
C’est bien là qu’on voit un pays qui, peu à peu, saisi d’une peur pathologique alimentée par certains politiques de «perdre son identité», a fini par se couper des grandes questions internationales, les seules qui l’intéressent encore étant celles qui concernent directement sa vie quotidienne, à commencer par les départs de Français, jeunes ou moins jeunes, pour le djihad en Syrie.
La Journée des Femmes est-elle encore nécessaire ? En gros, on peut répondre que si on se soucie des inégalités salariales persistantes, des violences conjugales qui ne le sont pas moins, de l’apparemment incurable sous-représentation des femmes dans les instances politiques et les entreprises les plus importantes, ou bien, au-delà de nos propres frontières dans lesquelles on aime tant s’enfermer, du trafic d’êtres humains aux fins notamment de prostitution, du viol utilisé comme armes de guerre, de la vente de femmes comme esclaves ainsi que le pratique Daesh, le prétendu «Etat islamique» en Irak et en Syrie – on y revient ! – alors oui, il y a des chances, la Journée des Femmes est encore nécessaire.
Nécessaire, et suffisante pour toutes les organisations qui ont participé ce 8 mars à Paris, de la Place de la République à l’Hôtel de Ville, à la traditionnelle manifestation pour les droits des femmes qui accompagne la Journée internationale.
Que ce soient les partis politiques, notamment de gauche (Parti Socialiste, Europe Ecologie Les Verts, Parti Communiste Français et Front de Gauche) ou d’extrême gauche (Lutte Ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste) ou les organisations syndicales telles que Solidaires et la CGT, mais aussi et surtout les associations féministes telles que Femmes Solidaires, Chiennes de Garde et le Collectif Féministe Contre le Viol, personne ne semblait se poser la question, peut-être tout simplement parce que la réponse est une évidence.
Se demander si la Journée des Femmes est encore nécessaire, c’est surtout se demander en quoi l’égalité est plus importante que l’apparence de cette égalité. Voilà un symptôme nouveau et bien inquiétant de la fatigue qu’éprouve la France de sa démocratie, cette France qui rêve dangereusement d’élire, dans deux ans d’ici, une femme qui veut (faire) oublier qu’elle en est une.
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