Tant le Moyen-Orient voit en permanence des peuples se battre et s’opprimer, qu’il s’agisse d’Israël et des Palestiniens sous occupation ou de la Syrie dont les révolutionnaires affrontent tant le régime des Assad que les exactions de Daesh, l’ «État islamique» autoproclamé, il apparaît difficile de comprendre que l’on ait jamais pu donner à la région le nom de Terre Sainte. Pourtant, c’est bien là que se trouvent les racines des trois religions abrahamiques, judaïsme, christianisme et Islam, ainsi que, du nord de l’Irak au Yémen, les lieux saints les plus importants de l’histoire des trois confessions, au premier rang desquels se dresse, bien entendu, la ville trois fois sainte – Jérusalem.
L’une des collines de la ville, Sion, donne son nom dans la Bible à plusieurs incarnations de la présence divine, l’appellation étant parfois utilisée pour désigner Jérusalem dans son entier. C’est le cas dans le Livre d’Isaïe, présent dans ce qui est pour les Juifs le Tanakh et pour les Chrétiens l’Ancien Testament :
«Pour l’amour de Sion, je ne me tairai point.
Pour l’amour de Jérusalem, je ne prendrai point de repos.
Jusqu’à ce que son salut paraisse, comme l’aurore.
Et sa délivrance, comme un flambeau qui s’allume.»
Au chapitre 62 verset 1 du Livre qui portait autrefois son nom, la paternité lui en ayant été depuis contestée, le prophète Isaïe referme ses interrogations sur l’avenir de Jérusalem, ayant vu la ville prise par Nabuchodonosor II puis les Hébreux libérés de leur exil à Babylone par le roi Cyrus II le Grand, qui ordonna également la reconstruction du Temple de Jérusalem détruit lors de l’invasion. Dans son opéra Nabucco, Giuseppe Verdi mentionne lui-même Jérusalem, que chantent avec nostalgie les Hébreux au bord de l’Euphrate, en tant que «Sion», les mots étant ici ceux du poète Temistocle Solera:
«Del Giordano le rive saluta,
Di Sionne le torri atterrate …»
[«Salue les rives du Jourdain,
Les tours abattues de Sion …»]
Au terme d’une histoire qui a vu Jérusalem envahie et pillée, son peuple déporté et réduit en esclavage, puis libéré et de retour sur sa terre, Isaïe adresse donc un serment à Sion, celui de la protéger et de faire rayonner de par le monde la foi qu’elle incarne, si forte qu’elle a permis au peuple hébreu de survivre à une sinistre entreprise de déportation et de mise en esclavage dans une terre lointaine et hostile.
Aujourd’hui, s’il est une terre au Moyen-Orient dont le peuple connaît un tel sort, c’est bien entendu la Syrie. Les estimations du nombre de morts vont du simple au double, de 250 000 à 500 000, et aux Hébreux déportés par Nabuchodonosor succèdent aujourd’hui les réfugiés du conflit, 8 millions de déplacés internes et 4 millions en dehors de la Syrie. Et l’héritier du maître de Babylone, aujourd’hui dans l’Irak voisin, longtemps ennemi et aujourd’hui allié, n’est autre que Bachar el-Assad, le Président dont les partisans, au début de la révolution syrienne en mars 2011, scandaient en fustigeant le peuple qui s’était levé, «Bachar ou nous brûlons le pays !», ce qu’ils ont fini par faire en effet.
Depuis l’été 2014, l’oppression en Syrie prend aussi le nom d’une organisation armée jadis groupusculaire, mais dont l’inexplicable libération par Damas de jihadistes que détenaient ses prisons a permis aux rangs de grossir jusqu’à conquérir en quelques mois un espace entre l’Irak et la Syrie aussi vaste que la Grande-Bretagne – Daesh, qui se veut un État sur place et agit à l’étranger comme un groupe terroriste, comme dernièrement à Bruxelles et en Irak, l’antique cité de Palmyre s’étant trouvée pendant les douze derniers mois au cœur d’un jeu trouble entre lui et l’Armée arabe syrienne du régime Assad, par lequel des institutions internationales telles que l’ONU et l’UNESCO s’étant elles-mêmes laissées prendre au piège.
Au-delà du rôle de pion auquel est réduite Palmyre sur l’échiquier sanglant où Damas et Daesh avancent puis reculent leurs pièces au prix de la vie des Syriens, la vraie ville-martyre d’aujourd’hui en Syrie, c’est bel et bien Alep, seconde ville de Syrie de par sa population, première ville du nord du pays et, plus encore, pionnière depuis 2012 de l’autogestion et de la démocratie locale grâce aux partisans de la révolution syrienne qui ont fait d’Alep leur capitale de l’intérieur. Tant le régime Assad que Daesh ne s’y trompent d’ailleurs pas, l’une et l’autre accablant de leurs coups Alep depuis février 2015, l’Armée arabe syrienne s’y voyant appuyée par les milices libanaises chiites du Hezbollah.
Depuis fin février, une trêve est en vigueur sur plusieurs zones de combat en Syrie, qui n’a fait que voir les Syriens redescendre dans les rues de leurs villes, drapeaux de la révoution à la main, pour scander de nouveau le slogan de la révolution, «Ach-chab yourid isqat an-nizam !», «Le peuple veut la chute du régime !». Pour autant, un monde sous le choc des attentats commis par Daesh depuis le Stade de France et le Bataclan à Paris en novembre 2015 ne semble toujours pas vouloir comprendre que, face au groupe terroriste, le régime Assad qui prétend le combattre n’est ni un allié ni un recours – bien au contraire.
C’est ce qui a amené le Collectif des Amis d’Alep, organisation fondée en France, à organiser la tournée en Europe de quatre «journalistes citoyens» aleppins, Louai Aboaljoud, Reem Fadel, Yousef Seddik et Zein Al-Rifai, tournée qui s’est ouverte le 11 mars à Tours et s’achèvera le 8 avril à Lyon.
Après avoir parcouru la France, la Belgique et la Suisse, les quatre journalistes citoyens étaient accueillis ce 1er avril à l’Institut du Monde Arabe à Paris, pour une conférence dans la Salle du Haut Conseil où, à partir de 18H30, ils se sont exprimés tour à tour avec la modération de Matthieu Rey, Maître de conférences en histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, et l’interprétariat de Hana Jaber et Georges Daaboul.
Dénonçant d’entrée le dogme binaire «Bachar ou Daesh» qui prédomine aujourd’hui, Matthieu Rey a ouvert la rencontre en rappelant ce qui devrait être pour chacun(e) une évidence : «La Syrie ne serait rien sans les Syriens», d’où la nécessité de les entendre en la personne des quatre invités d’honneur de la conférence. Puis il a promptement passé la parole au premier d’entre eux, Louai Aboaljoud.
De g. à d. : Georges Daaboul, Reem Fadel, Louai Aboaljoud, Matthieu Rey, Yousef Seddik, Zein al-Rifaï et Hana Jaber
Louai Abolajoud : «Le régime massacre les Syriens en les accusant de terrorisme, Daesh les massacre lui aussi en les traitant de mécréants»
Louai Aboaljoud, Directeur de l’agence de presse ProMedia
Lorsque la révolution syrienne a éclaté, Louai Aboaljoud faisait sa médecine ; il ne se destinait pas au journalisme, vers lequel ce sont les circonstances qui l’ont mené. Avant la révolution, se souvient-il, il n’existait en Syrie qu’une seule source d’information : les médias d’Etat, une seule opinion : celle du pouvoir, un seul parti : le Baas des Assad. La mainmise étatique sur les médias était telle qu’en 2010, six ans après sa création, Facebook n’existait toujours pas en Syrie ! Il fallait utiliser des logiciels spéciaux pour contourner la censure du régime, censure si vive que, sitôt qu’un Syrien disait ou écrivait un mot contre le pouvoir, celui-ci pouvait aller jusqu’à arrêter un membre de sa famille. Sans que l’on puisse s’en étonner, c’est là l’une des raisons qui ont poussé le peuple syrien à se soulever in fine, en 2011, contre la dictature en place depuis plus de quarante ans.
Le seul fait d’être journaliste constituait un crime contre le régime. La première fois que Louai Aboaljoud en a fait l’expérience, c’était lors de sa première arrestation, en juin 2011, après quoi il le fut à nouveau en mars 2012, les deux fois sous l’accusation de «travailler pour des chaînes mensongères». Tout a changé lorsque, vers le milieu de l’année 2012, l’Armée syrienne libre, qui regroupe les forces armées de la révolution syrienne, est entrée à Alep, même si, aussitôt après, l’Armée arabe syrienne a commencé à bombarder ces zones nouvellement libérées, positionnant ses snipers à tous les carrefours principaux de la ville.
C’est l’un d’entre eux qui a tiré sur Louai Aboaljoud alors qu’il effectuait son travail de journaliste citoyen, le blessant à la jambe gauche. Dans le même temps, l’ancien étudiant en médecine dut suivre avec d’autres des formations en journalisme de manière à savoir au mieux comment faire passer son message auprès des médias étrangers. C’est ainsi que, début 2013, Louai Aboaljoud a eu l’occasion de travailler pour la chaîne Al Arabiya, basée en Arabie saoudite, soit peu avant l’apparition en Syrie, en avril, de Daesh, par lequel le reporter citoyen fut enlevé le 28 novembre puis maintenu en captivité pendant six mois. «Les méthodes étaient les mêmes que celle du régime, seules les phrases prononcées étaient différentes. Le régime me frappait en insultant mon dieu, Daesh me frappait en disant ‘Dieu est grand’.»
“Dans le monde arabe comme en Europe, les dirigeants n’ont pas entendu le soulèvement et le cri des peuples.”
Louai Aboaljoud.
En ce moment, a déploré Louai Aboaljoud, les médias occidentaux ne se concentrent plus que sur Daesh, mais, en parallèle, personne n’a de propositions concrètes et réalistes pour combattre Daesh. «L’invasion de l’Irak en 2003 était une erreur, la création de la coalition contre Daesh en est une autre, et une troisième erreur que commet le monde, c’est d’entretenir des rapports intimes avec des régimes totalitaires. Dans le monde arabe comme en Europe, les dirigeants n’ont pas entendu le soulèvement et le cri des peuples.»
Le journaliste citoyen a enfin demandé à chacun(e) de retenir ces deux messages que lui-même et ses confrères et concitoyens aleppins sont venus porter aux Européens :
«Premièrement, il existe en Syrie un peuple, et à l’heure actuelle, ce peuple se fait massacrer par le régime parce qu’on l’accuse d’être terroriste ainsi que par Daesh, cette fois sous l’accusation d’être composé de mécréants.
Deuxièmement, il faut que les gouvernements prennent les bonnes décisions par rapport à ce qui se passe en Syrie. Ce que l’Union européenne et les pays voisins disent faire pour nous aider est insignifiant par rapport à ce qu’endure le peuple syrien. La manière dont l’Union européenne traite la situation en Syrie ne laisse de place que pour deux explications : soit les pays européens sont incapables de faire chuter le régime de Bachar el-Assad, et ne pas pouvoir arrêter un régime aussi terrible entache de noir le projet politique européen tout entier, soit l’Europe et le monde ne voit dans ce qui se passe en Syrie que ses intérêts commerciaux et financiers, laissant donc perdurer le drame pour en tirer un profit.
Ce que nous demandons n’est pas une rêverie : bien au contraire, c’est très réaliste.
Nous demandons la liberté d’opinion, la liberté des médias, la liberté de former des partis politiques, et tout simplement de dire non à ce qui se passe. Notre seule erreur, semble-t-il, a été de revendiquer la liberté en brandissant le drapeau de notre révolution.»
Le drapeau de la révolution syrienne, brandi par des manifestants lors d’un rassemblement à Paris en août 2015
Reem Fadel : «J’ai été arrêtée par le régime seulement parce que je transportais du lait pour les enfants ; pour lui, cela faisait de moi une terroriste»
Reem Fadel, journaliste à Orient News (Istanbul)
Âgée de trente-trois ans, Reem Fadel, diplômée en littérature arabe, étudiait l’art dramatique à Alep au moment du déclenchement de la révolution syrienne. Son engagement dans celle-ci est né d’une manifestation à l’Université d’Alep, à laquelle elle s’est jointe, dans cet établissement où le militantisme révolutionnaire avait été dès le départ d’une ampleur impressionnante. «La liberté sociale n’est jamais séparée de la liberté politique, ce que les étudiants de mon université avaient compris», se souvient la journaliste citoyenne, ainsi que d’une couverture des événements par les médias du régime qui ne rendait en rien compte de la réalité.
«Le régime disait qu’il ne se passait rien, ou bien qu’il n’existait que des agitateurs individuels isolés. Il fallait donc que nous gardions une trace de ces manifestations, et aussi que nous puissions montrer au monde tous ces gens qui revendiquaient la liberté. C’est ce que nous sommes arrivés à faire pendant les manifestations.» Photos, vidéos et articles sont ainsi apparus sur cette contestation étudiante que le régime niait ou disait groupusculaire, que les jeunes révolutionnaires ont ensuite tenté de faire connaître à l’extérieur de la Syrie.
Puis ce fut l’entrée de l’Armée syrienne libre à Alep, qui a coupé la ville en deux, certaines zones étant restées sous le contrôle des troupes du régime. Des bombardements sauvages s’abattaient chaque jour sur les zones libérées, et pour les militants, soutenir la population était devenu un travail quotidien, notamment en transportant des couvertures et, plus encore, du lait pour les enfants menacés par l’inanition. Pour ce faire, Reem Fadel n’a pas hésité à se mettre en danger.
«Fin 2013, j’ai été arrêtée par les services de sécurité de l’Armée arabe syrienne. A cinq heures du matin, ils sont venus me chercher dans ma chambre, puis ils m’ont emmenée et m’ont placée en détention pendant trois mois. J’ai été transférée successivement dans trois centres de détention. De quoi m’accusait-on ? D’avoir fait entrer du lait pour les enfants dans les zones libérées. C’était là, me disait-on, un acte de terrorisme.»
Tant en cellule individuelle que collective, Reem Fadel n’a jamais eu droit à un lit. Affamée et poussée au bout de sa résistance physique, elle ne retrouvera la liberté qu’après que ses parents, contraints et forcés, avaient dû verser une somme d’argent pour sa sortie de prison. Pour Reem Fadel, une nouvelle vie commence. Contrainte et forcée là encore.
«J’ai tout oublié, y compris que je m’appelais Reem Fadel. J’ai pris un autre nom, j’ai vécu avec, j’ai commencé à écrire des articles sur les détenus et la situation des civils dans les zones tenues par le régime.»
Aujourd’hui, a poursuivi Reem Fadel la presse internationale s’intéresse principalement aux civils dans les zones sous le contrôle de Daesh ou celles que protège l’Armée syrienne libre. C’est oublier, déplore-t-elle, que les personnes vivant dans les zones tenues par le régime vivent en réalité dans un gigantesque centre de détention, où arrestations arbitraires et manœuvres d’intimidation des milices travaillant pour le pouvoir sont quotidiennes. «N’importe quel officier peut entrer dans n’importe quelle maison, en faire sortir les habitants et s’y installer. N’importe quel officier peut prendre les enfants de qui bon lui semble. Aujourd’hui, dans les villes dirigées par le régime, il n’y a plus que des femmes. Les hommes en âge de se battre sont tous enrôlés de force dans l’armée.»
“Aujourd’hui, le Syrien accepte l’idée de la mort, elle fait partie de son quotidien. Cependant, la peur majeure qui occupe aujourd’hui son esprit est celle de la détention. Lorsqu’on la subit, on souhaite mille fois mourir plutôt que de rester détenu.”
Reem Fadel.
Pour être l’auteure de nombreux écrits sur ce thème, Reem Fadel connaît bien la situation des habitants des zones demeurant sous le contrôle de Damas. «Le fait qu’ils restent dans ces zones n’est absolument pas de leur part une marque de soutien au régime. S’ils restent, c’est parce que leur terre et leur maison sont là, rien de plus.»
Pendant tout ce temps, Reem Fadel n’était plus Reem Fadel, du moins, elle n’était plus censée l’être aux yeux des autres. Elle a ainsi vécu et travaillé deux ans durant, utilisant des logiciels spéciaux pour pouvoir envoyer ses articles et briser la censure du régime, l’impératif de se rendre indétectable étant lui aussi présent à tout instant. Pour les photos, hors de question d’utiliser appareil photo normal ou téléphone portable ; le déguisement en stylo ou la possibilité d’utilisation dans un sac à main était indispensable.
«Aujourd’hui, le Syrien accepte l’idée de la mort, elle fait partie de son quotidien. Cependant, la peur majeure qui occupe aujourd’hui son esprit est celle de la détention. Lorsqu’on la subit, on souhaite mille fois mourir plutôt que de rester détenu.»
Puis Reem Fadel s’est décidée à partir pour la Turquie. La route étant coupée depuis Alep, elle a dû se résoudre à emprunter une route du régime pour gagner d’abord Beyrouth. Mais avant que la famille puisse atteindre le Liban voisin, le père de Reem Fadel est arrêté, ne sortant de prison qu’un an et demi plus tard et rejoignant enfin sa fille en Turquie. Désormais journaliste à Orient News, Reem Fadel y est rédactrice pour toutes les questions liées à la révolution syrienne.
«Je m’emploie à archiver soigneusement toutes les vidéos prouvant les bombardements du régime et des Russes sur les zones civiles, ainsi que les identités des martyrs, pas juste comme des chiffres ou des statistiques mais avec leurs noms et identités. Ces gens avaient des familles, des enfants.» Et pourtant, tout témoin privilégié du drame syrien qu’elle soit, Reem Fadel ne parvient pas toujours à convaincre une opinion publique extérieure traumatisée par le terrorisme de Daesh en dehors du propre fief du groupe terroriste.
«Tout au long de cette tournée en Europe, j’ai été mise face à deux choix : le régime ou Daesh. Même lorsque je dis que le régime tue infiniment plus que Daesh, mes interlocuteurs me répondent tout de même que le régime est meilleur que Daesh. En même temps, je vois comment eux, ils vivent en liberté et sont libres d’exprimer tout ce qu’ils souhaitent, je vois comment la société civile s’organise, comment elle vit ça. Je me demande pourquoi moi, je ne pourrais pas choisir aussi ce mode de vie, pourquoi je devrais seulement choisir entre quelque chose de mauvais et quelque chose d’encore pire.»
Les Syriens, a conclu Reem Fadel, sont un peuple qui rêve de liberté. L’Europe aurait pu soutenir ces jeunes qui se battaient pour elle. Le soutien ne vient pas seulement avec les mots, rappelle la journaliste citoyenne, il fallait des mots concrets pour faire chuter Assad et permettre une transition en Syrie vers un État libre.
«A présent, nous sommes tous responsables de ce chaos sanguinaire, et malgré tout ce chaos, au bout de cinq ans et après cette trêve qui dure depuis à peine plus d’un mois, le peuple syrien a recommencé à manifester», et ce sont en effet non moins de cinq cents points de manifestation que l’on dénombre aujourd’hui en Syrie, soit plus encore qu’au début de la révolution.
«En l’absence de frappes pour le moment, le peuple syrien réitère les demandes de la révolution, il le paie cher, mais il veut toujours la chute du régime, la fin des systèmes de surveillance constante du citoyen, le retrait de Syrie de toutes les forces étrangères et, par-dessus tout, que la Syrie demeure unie. C’est cela que nous voulons vous dire aujourd’hui.»
Yousef Seddik : Alep, berceau de la démocratie au cœur d’une Syrie en guerre
Yousef Seddik, Directeur de l’Aleppo Media Center
Ayant étudié la communication à l’Université de Damas, Yousef Seddik est journaliste depuis 2009, ce qui fait de lui le seul «professionnel» à la base parmi les quatre reporters citoyens aleppins. Depuis le début de la révolution, il consacre son travail journalistique exclusivement à celle-ci, avec tout ce que cela implique d’activité et de projets bénévoles.
Dans les premiers temps de la révolution, en particulier la première année, Yousef Seddik devait travailler en secret, devant se dissimuler des services de sécurité du régime. Le danger était permanent et les sanctions, en cas d’arrestation, des plus sévères.
Dans ce domaine travaillaient des centaines de personnes, si ce n’est des milliers, dont des journalistes professionnels ; chacun(e) était en contact avec tous les autres, notamment à travers les réseaux sociaux, qui étaient capitaux pour transmettre à l’extérieur ce qui se passait en Syrie, d’autant que les médias étrangers étaient absents du pays.
Au milieu de l’année 2012, de très larges zones sont été prises au régime de Damas par l’Armée syrienne libre, dont une importante partie d’Alep. Ce fut pour les journalistes la toute première occasion de se rencontrer, librement et face à face, ainsi que, pour la société civile, de mettre en place des ateliers et des rencontres afin d’imaginer ensemble ce que pourrait être la Syrie de demain. De très nombreuses rencontres eurent lieu, qui aboutirent à la création d’entités de gouvernement pour les zones concernées, chaque village et chaque quartier s’étant alors doté d’un Conseil local pour son administration.
Pour la première fois dans l’histoire de la Syrie, il existe désormais à Alep un Conseil général de Gouvernorat entièrement séparé des cadres de l’armée du régime, élu démocratiquement par les citoyens à travers leurs Conseils locaux de village ou de quartier, et qui a permis d’organiser de manière formelle le travail et la liberté de la presse.
Par un travail intense, ces unités de gouvernance locale ont permis de gérer la vie quotidienne des citoyens. Ensuite vint le Conseil du Gouvernorat d’Alep, chargé de superviser l’ensemble de l’entité administrative portant le nom de la ville qu’elle a pour capitale. Ce fut une expérience démocratique sans précédent en Syrie, puisque les nombreuses petites structures de gestion déjà existantes y ont participé par la voie d’élections libres, non pas directes telles que l’on les conçoit en Occident mais sous une autre forme, compte tenu de la situation unique que crée le contexte de guerre en Syrie. Chaque commune a élu des représentants, auxquels se sont ajoutés les délégués d’institutions comme les syndicats, l’ordre des médecins, les divers corps de métier, pour former le Conseil général du Gouvernorat d’Alep.
Cette structure d’un genre nouveau en Syrie élit tous les ans un Comité exécutif chargé de traiter des questions liées à la santé, l’éducation et tous les autres domaines dévolus à la puissance publique. Pour la première fois en Syrie, une structure de gouvernance totalement séparée des cadres de l’Armée arabe syrienne dirigeait un gouvernorat du pays.
Les mêmes efforts d’autogestion ont été entrepris en faveur de la presse, ayant mené à la création en 2012 du Centre des Médias d’Alep (Aleppo Media Center), que dirige donc aujourd’hui Yousef Seddik. D’autres institutions pour l’information ont été créées un peu partout à cette époque, le Centre étant en quelque sorte une agence de presse locale dotée de correspondants dans tous les quartiers et toutes les communes, chargés de rédiger des articles, prendre des photos et réaliser des vidéos à destination des médias du monde entier.
En 2014 est venue s’ajouter à ces dispositifs nouveaux l’Union des Acteurs de l’Information d’Alep, dont est issue la Charte des Journalistes vieille seulement de quelques mois et déjà signée par trente-sept médias locaux, dont des stations de radio et des chaînes de télévision. Cette Charte vise à organiser le travail du journaliste, formaliser la déontologie journalistique et de la profession dans son ensemble. Elle autorise les citoyens à contester la véracité ou la moralité d’une information lorsqu’ils considèrent qu’elle porte atteinte à leur vie privée.
De nombreuses autres expériences ont eu lieu à Alep en vue d’organiser la société, qui se heurtent toutefois à de fortes difficultés pour se faire connaître. Malgré tout, le travail se poursuit et les Syriens font de leur mieux pour qu’il ne s’arrête pas ni ne soit perdu.
Zein al-Rifai : «La révolution a fait naître en Syrie la liberté de critiquer la hiérarchie»
Zein al-Rifai, Lauréat 2015 du Prix Rory Peck
Étudiant en littérature française à l’Université d’Alep, Zein al-Rifai rencontre lui aussi la révolution syrienne à l’occasion des premières manifestations dans la ville en 2011. Les médias occidentaux étant tenus dans l’ignorance de ces rassemblements par la censure du régime, il fallait trouver une façon de transmettre les informations au monde extérieur, un média qui permette de le faire. Ce fut le cas avec l’arrivée des réseaux sociaux à la même époque en Syrie, car les militants se sont mis à informer sur les manifestations qui avaient lieu, ainsi que sur les atteintes aux Droits de l’Homme commises à cette occasion, utilisant pour ce faire de simples téléphones portables s’il le fallait. Des groupes furent aussi créés pour recueillir les noms et identités des victimes.
Les militants ont alors entrepris de mettre en place un système d’information alternatif à celui du régime pour disséminer les informations vers l’extérieur du pays. Après l’entrée de l’Armée syrienne libre à Alep, une réunion a eu lieu entre tous les militants qui ont pris part à l’information sur la révolution, à l’issue de laquelle un Centre des Médias [l’Aleppo Media Center] a été créé pour transmettre au monde la vérité sur ce qui se passait en Syrie. Ce Centre regroupe au départ des journalistes professionnels, qui travaillaient déjà avant la révolution, mais aussi des reporters citoyens.
Après l’entrée de l’Armée syrienne libre à Alep, c’était la première fois en Syrie qu’un citoyen ou un journaliste se trouvait sous la direction d’une institution qu’il était libre de critiquer, ce qui était devenu, avec la dynastie Assad, complètement inconcevable.
Ces derniers prenaient des risques importants lorsqu’ils couvraient les événements. Le régime arrêtait tous les journalistes citoyens qui filmaient les manifestations, ayant procédé à la «liquidation» d’un certain nombre d’entre eux dans ce sinistre contexte. Mais après la libération d’une large partie d’Alep et l’arrivée de l’Armée libre, une forme nouvelle d’information et de communication est née. A partir de là, reporters citoyens et journalistes professionnels se sentaient plus libres de couvrir les manifestations et tout autre événement qu’ils souhaitaient relater. C’était la première fois en Syrie qu’un citoyen ou un journaliste se trouvait sous la direction d’une institution qu’il était libre de critiquer ; pendant cinquante ans de règne de la dynastie Assad, une telle chose était devenue complètement inconcevable.
Dans ces zones libérées, quel que soit le rang d’une personne dans la hiérarchie, il était possible, et jamais nous n’avions connu cela auparavant, de la critiquer librement, qu’elle appartienne à la Coalition, à une katiba ou à quelque autre organisme de la révolution que ce soit.
En août 2015, Zein al-Rifai a la jambe fracturée par un missile. «C’est pourquoi je parcours la France avec une béquille», explique le reporter citoyen en désignant son accessoire de marche posé à côté de son siège sur l’estrade de la Salle du Haut Conseil. Le mois suivant, il reçoit le Prix Rory Peck, distinction très réputée, remise à Londres et qui récompense les journalistes indépendants et autres acteurs individuels de l’information à travers le monde. Dans le cas de Zein al-Rifai, en récompensant son reportage Aleppo: Life in Ruins, le prix récompense en fait l’information révolutionnaire en Syrie dans son entier.
«De nombreux confrères dans la ville libérée ont reçu eux aussi des prix internationaux», rappelle enfin Zein al-Rifai, «ce qui veut dire que le reporter citoyen ou le journaliste professionnel syrien a atteint un niveau tout à fait acceptable de professionnalisme. Le tout à l’ombre de la révolution syrienne.»
Les forces en présence dans le conflit : Une vision binaire ne suffit pas
Après les applaudissements qui ont salué l’intervention de Zein al-Rifai, tout comme celles de ses trois confrères avant lui, Louai Aboaljoud a demandé la parole pour aborder le sujet des forces en présence dans le conflit en Syrie.
Si les médias mettent aujourd’hui l’accent sur deux des protagonistes qui sont le régime et Daesh, ce sont en fait quatre forces principales qui contrôlent des territoires en Syrie, auxquelles s’ajoutent deux forces annexes :
– Le régime syrien :
Au début de la révolution, tous les membres de l’armée syrienne étaient des Syriens, mais des officiers russes conseillaient l’armée syrienne. Mais face aux désertions de masse de soldats et d’officiers de l’armée, le régime a fait appel à des milices, ce qui fait qu’aujourd’hui, concrètement, Damas s’appuie au plan militaire sur le Hezbollah libanais, les Gardiens de la Révolution iraniens, des milices chiites venues d’Irak, des milices yéménites houthies, ainsi que des mercenaires, «soldats de fortune», venus d’Afrique et d’Afghanistan. A ce jour, la proportion de Syriens dans l’armée syrienne ne dépasse pas les 20%. Plusieurs régions de Syrie demeurent ainsi sous le contrôle du régime.
– Daesh, l’ «Etat islamique» :
«De ce que j’ai vu pendant ma captivité, les Européens étaient très nombreux dans les rangs de Daesh. Le directeur de la prison où je me trouvais était un Français, les responsables de la torture étaient un Russe et un Belge, les responsables des attentats étaient des Néerlandais ainsi que des gens d’autres nationalités encore, et les gardiens de prison étaient souvent des Maghrébins ou des gens originaires des pays du Golfe. Par rapport à ceux issus d’autres pays, la proportion de Syriens au sein de Daesh est infime.» Bien entendu, Daesh contrôle lui aussi des zones de Syrie, même si, pour la plupart, il s’agit de zones désertiques.
– Le PKK (Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan) :
Il regroupe un ensemble de formations politiques kurdes, dont l’appartenance est interdite aux Arabes. Le PKK procède à l’enrôlement de force d’enfants-soldats et envoie des femmes en première ligne dans la bataille. Il contrôle des zones kurdes dans le nord de la Syrie, dont certaines prises avec l’appui de l’aviation militaire russe.
– L’Armée syrienne libre :
Elle est composée exclusivement de Syriens, contrôle des zones situées tant dans le nord que dans le sud, et a des lignes de front avec le régime, Daesh et le PKK tout à la fois. Son but principal est de faire tomber le régime Assad et, ensuite, d’éradiquer le terrorisme.
Les deux forces qui existent également, mais ne sont pas des forces principales, sont :
– Al Qaïda, représentée par plusieurs branches, dont Jabhat al-Nosra, Jund al-Aqsa et Muhajireen wal-Ansar. Ces forces ne contrôlent pas des zones importantes, ayant plutôt une stratégie d’éparpillement dans les zones contrôlées par l’armée syrienne. Parfois, ils décident de se joindre à l’Armée syrienne libre, et parfois, ils en combattent les unités, comme c’est arrivé à l’ouest d’Alep.
– Des bandes armées, qui volent, tuent et kidnappent, prenant le nom de la force qui contrôle la zone où elles évoluent : en zone de l’Armée syrienne libre, elles se présenteront comme en faisant partie ; en zone du régime, elles diront être des chabiha ; en zone de Daesh, elles prétendront appartenir à Daesh.
“Si vous ne voulez pas nous traiter comme des êtres humains, alors, au moins, ne nous traitez pas non plus comme des chiffres !”
Louai Aboaljoud.
C’est là un exemple de la réalité syrienne d’aujourd’hui, conclut Louai Aboaljoud.
«Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour faire parvenir la voix du peuple syrien qui se trouve essentiellement dans les zones sous contrôle de l’Armée libre, où ont lieu tous les jours les bombardements de la coalition internationale. Même dans un film, on n’aurait jamais pu imaginer voir sept avions de chasse passer en même temps dans le ciel d’Alep.» En fin de compte, certains jours, ce sont non moins de vingt et un avions de chasse que l’on peut voir passer au-dessus d’Alep, et qu’il s’agisse d’avions ou d’hélicoptères, jamais le ciel d’Alep n’est épargné par la guerre.
Malheureusement, tonna enfin Louai Aboaljoud, tout ce que l’on fait contre cela, c’est d’aligner des chiffres dans les documents officiels de l’ONU. «Si vous ne voulez pas nous traiter comme des êtres humains, alors, au moins, ne nous traitez pas non plus comme des chiffres !»
Questions du public : Dire encore et toujours que les Syriens veulent vivre
Matthieu Rey a ensuite ouvert la discussion avec la salle, appelant les questions du public. Mais pendant une bonne minute, tout ce qui s’est fait entendre était d’abord le silence, puis un murmure entre membres du public, manifestement à cours de mots devant de si forts témoignages d’une réalité syrienne dont ils savaient tout le caractère douloureux mais n’auraient jamais cru celui-ci si fort. Puis commencèrent enfin les questions, dont certaines ne manquèrent pas de susciter chez les quatre journalistes citoyens aleppins des éclats de voix d’une force digne de celle de leur travail journalistique sur place.
Répondant à une spectatrice qui demandait des chiffres, impossibles à fournir, sur la population syrienne dans les zones contrôlées par l’Armée libre, Reem Fadel a rappelé que la campagne russe de bombardements aériens, censés viser Daesh mais ayant touché pour l’essentiel des zones civiles libres, avait jeté sur les routes cent mille habitants de la campagne autour d’Alep. «S’ils ne peuvent pas rentrer chez eux, ils sauront en revanche trouver le chemin de l’Europe.»
Aux interrogations d’un membre de l’assistance sur l’apparente communauté d’intérêt entre les forces hostiles à la révolution syrienne – régime, Daesh et PKK – Louai Aboajoud a rétorqué sans ambages : «Le régime nous tue parce qu’il dit que nous sommes des terroristes, Daesh nous tue parce qu’il dit que nous sommes des mécréants, et le PKK nous tue juste pour le plaisir de nous tuer !».
“Chaque fois qu’un réfugié syrien arrive en Europe, il est considéré comme une ‘cellule dormante’ du terrorisme, et en fin de compte, chaque fois qu’il se produit un attentat, que recherche-t-on sur place ? Le passeport syrien du coupable !”
Reem Fadel.
La population dans les zones du régime soutient-elle vraiment le régime ? Question un peu surprenante, puisque le sujet avait d’ores et déjà été abordé par Reem Fadel … Qui y revint naturellement pour répondre à la question et clore le sujet.
«La plus grosse erreur à commettre est bien de dire que qui habite dans les zones du régime est pro-régime, et qui habite dans les zones de Daesh, pro-Daesh. Le Syrien est toujours mis en cause : s’il vit sous le contrôle de Damas, il est pour Bachar el-Assad ; s’il se réfugie dans une zone libre, il est considéré comme élément en voie de radicalisation terroriste ; et s’il part à l’étranger, au Liban, en Jordanie ou ailleurs, il devient un numéro parmi tant d’autres qui justifie les pleurs du gouvernement local pour obtenir des aides financières de l’ONU. Et bien sûr, si d’aventure il parvient à gagner l’Europe, il est considéré comme ‘cellule dormante’ ; en fin de compte, chaque fois qu’un attentat se produit, que recherche-t-on sur place ? Le passeport syrien du coupable !»
Que devraient comprendre les gouvernants européens, qu’ils ne veulent pas entendre, sur le problème syrien ? La réponse de Louai Aboaljoud fut cinglante, autant qu’imparable. Ville en plein milieu du désert, séparée de deux cents kilomètres du prochain point habité, Palmyre est totalement visible des satellites ; comment, dès lors, la coalition internationale aurait-elle pu ne pas voir le convoi de Daesh lorsqu’il a marché sur Palmyre voici un an, particulièrement la France où le sang des victimes du terrorisme de Daesh à Paris, en janvier, n’était même pas encore sec ? «Ce qui s’est passé à Palmyre est la preuve que tous ces gens se foutent complètement du sort du peuple syrien.»
Lorsque vint enfin une question sur les Chrétiens de Syrie, dont le sort inquiète tant en Occident alors que celui du reste des Syriens semble bien indifférent, les quatre invités d’honneur eurent tôt fait de balayer le cliché qui voudrait que Bachar el-Assad soit le protecteur des minorités religieuses en Syrie, une dernière fois par la voix de Reem Fadel : «Aucun Chrétien ne s’est réfugié dans les zones contrôlées par le régime ; s’ils y sont aujourd’hui, c’est qu’ils y vivaient déjà avant le conflit. Par ailleurs, le régime ne fait strictement aucune différence entre Chrétiens et Musulmans : il arrête tout le monde de la même façon.»
A l’issue des questions, Matthieu Rey et l’organisatrice de la tournée pour le Collectif des Amis d’Alep, Irène Goldstein, remercièrent le public de sa présence, appelant chacun(e) à apporter son soutien financier, aussi modeste soit-il, à l’organisation de la visite des quatre journalistes citoyens d’Alep.
Ils ne se tairont point
Le voyage des quatre journalistes citoyens d’Alep s’achèvera le 8 avril à Lyon, après quoi ils repartiront soit vers la Turquie, soit vers Alep elle-même, pour y reprendre leur travail.
Tels Isaïe s’interrogeant sur l’avenir dans la Jérusalem de nouveau habitée par les Hébreux revenus de leur exil à Babylone, Louai, Reem, Yousef et Zein parleront toujours de leur ville. «Pour l’amour d’Alep, ils ne se tairont point», et tant que la psychose du terrorisme, laquelle n’est jamais un moyen efficace de contrer cette menace on ne peut plus présente et grave, hantera les médias occidentaux, français notamment, qui se réfugieront dans le fantasme d’un régime syrien bienveillant et protecteur, leurs voix seront indispensables.
A leur peuple bien entendu, pour commencer, mais aussi au(x) nôtre(s). Et à ce que, malgré tout, triomphe enfin la vérité.
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